
Vous qui me lisez ici et dans mes ouvrages, savez mon souci de trouver le mot le plus juste pour lutter contre l’inéluctable incommunicabilité. J’ai une autre préoccupation, pas toujours perceptible dans ces lettres, qui est la brièveté.
Comment puis-je dire au plus juste en un minimum de mots. J’imagine que mon sentiment d’urgence et la conscience aiguë de l’éphémère de l’existence ont motivé mon intérêt pour les micronouvelles.
J’ai écrit des « histoires en 6 mots », des micronouvelles en 1000 mots, des pépins de 300 signes, participé aux Hebdocubes de Vincent Corlaix, publié des poèmes courts qui tentaient de condenser des émotions complexes en quelques lignes.
J’avais vu passer sur les réseaux sociaux des défis d’écriture populaires dans lesquels je ne me retrouvais pas. Le Nanowrimo avec des objectifs de nombre de mots ou de signes à écrire ne me parlait guère. Les Writober et autres défis d’octobre inspirés de Inktober avaient pour moi un parfum de compétition qui ne me convenait pas.
C’est le besoin de routines dans un quotidien chaotique qui m’a mené à faire, pour la première fois, le Writober avec la liste proposée par Nanochimères.
En octobre 2020, j’étais dans une période d’incertitude massive, entre mon emploi de fonctionnaire de l’éducation nationale et un peut-être un poste dans le privé, comme psychologue, en plein deuxième confinement Covid 19.
Alors, moi qui ai passé la première moitié de ma vie à fuir la routine comme la peste, j’avais besoin, soudain de régularité, de cadre, de rituels et de contraintes.
J’ai donc fait un MOOC de statistiques inférentielles sur Coursera ainsi que le Writober de nanochimères sur twitter.
Inspirée par le thème très science-fiction, j’ai écrit, assidue, pendant les 31 jours du mois. La suite, je le raconte dans le spectacle de la première Concérence dont il existe un enregistrement enrhumé et enthousiaste.
J’ai, en effet, proposé en guise de carte blanche lorsque j’étais la marraine du festival l’Ouest Hurlant, ce spectacle mêlant musique et lectures, construit par mes soins et exécuté avec Mikael Cabon.
Writever c’est donc la discipline qui consiste à écrire des récits de 280 signes environ à partir de listes proposées mensuellement par des participant·es ou des sympathisants. Les histoires sont identifiables, à la base, sur Twitter, par le hashtag #writever. Le défi a aujourd’hui 4 ans, soit 48 mois d’écriture, 1460 jours et des milliers de micronouvelles en français (surtout), mais aussi en anglais avec une liste en brésilien en mai 2024.
Writever a été, je le disais, le sujet d’une concérence jouée deux fois à Rennes, le 29 avril 2023 pour le festival l’Ouest Hurlant et le 18 mai 2024 pour l’anniversaire de mon essai, « Le Futur au pluriel – réparer la science-fiction ».
Writever a aussi fait l’objet d’un article coécrit avec Amélie Téhel
C’est aussi une proposition d’atelier d’écriture de très courtes nouvelles, construite pour l’édition 2024 de l’Ouest hurlant et qui commence par un exercice de caviardage
Aujourd’hui, Twitter/x étant devenu infernal, l’aventure se poursuit sur Bluesky et Mastodon, dans des proportions moindres et les textes vivent leur vie.
Quatre des miens sont devenus des historiettes pour le Novelliste 06 et quelques autres feront de même pour le numéro 8, tandis que des discussions sont en cours pour un recueil.
Que vont encore vivre ces textes ? Que leur souhaitez-vous ?